Au-delà du divan : L'image comme porte de l'âme selon Carl Gustav Jung

posted by La psychanalyste9/17/2025

Dans l'histoire de la pensée, certaines ruptures sont aussi fondatrices que les alliances. Celle de Carl Gustav Jung avec Sigmund Freud en est l'exemple le plus vibrant. Loin d'être une simple querelle de succession ou un "meurtre du père", cette séparation a ouvert une voie nouvelle, un chemin audacieux vers les profondeurs de la psyché. Elle a donné naissance à une vision où l'image n'est plus un simple déguisement du désir, mais la voix même de l'inconscient. En tant que psychanalyste à Rabat, c'est ce dialogue avec les images de l'âme que je vous invite à explorer, un voyage au cœur de la théorie jungienne.

1. Nous ne naissons pas "page blanche"

Contrairement à une idée reçue, Jung, le clinicien, nous rappelle que notre psychisme ne commence pas à la naissance. Nous arrivons au monde porteurs d'un héritage invisible, tissé par des millions d'années d'expériences humaines. "L’être humain est « en possession » de bien des choses qu’il n’a jamais acquises par lui-même", écrit-il. Cet héritage n'est pas fait d'images figées, mais de dispositions fonctionnelles, de matrices prêtes à être activées par nos vies. Jung nomme ces matrices les archétypes. L'archétype n'est pas l'image elle-même, mais la source primordiale qui lui donne forme. C'est le moule invisible qui, au contact de notre histoire personnelle, produit des représentations universelles : la Mère, le Héros, le Sage, l'Ombre... Reconnaître ces forces en nous, c'est commencer à cartographier notre monde intérieur.

2. La Libido : Fleuve de Vie plutôt que pulsion unique

C'est peut-être là que la divergence avec Freud est la plus poétique. Pour Jung, la libido n'est pas uniquement sexuelle. Elle est l'énergie vitale dans son sens le plus large, un grand fleuve qui peut irriguer tous les domaines de notre existence : l'amour, la spiritualité, la créativité, la quête de pouvoir... Elle est cet appetitus, ce "tendre vers" qui nous met en mouvement. Lorsque cette énergie est bloquée ou en conflit, elle ne fait pas que créer des symptômes ; elle se manifeste en images. Un travail d'analyse, tel que je le pratique en tant que psychanalyste à Rabat, consiste à observer le cours de ce fleuve, à comprendre où il stagne et où il demande à s'écouler.

3. Le Rêve : Une fenêtre ouverte sur l'équilibre intérieur

Si pour Freud le rêve est un message à décrypter, pour Jung, il est une vérité qui se dévoile. Le rêve ne cherche pas à cacher, mais à compenser. Il est le régulateur naturel de notre psyché, le baromètre de notre équilibre intérieur. Une image onirique n'est pas là pour nous tromper, mais pour nous informer sur un déséquilibre, pour attirer notre attention sur une part de nous-mêmes que notre conscience ignore. Considérer le rêve, le "laisser advenir" en nous, c'est permettre une fécondation de notre conscient par la sagesse de l'inconscient. C'est accepter que notre vérité la plus profonde se révèle souvent dans le langage symbolique de la nuit.

4. L'Image : Dialogue et Transformation

Pour Jung, l'image est donc bien plus qu'une simple représentation. Elle est une entité vivante, un "complexe composé des matériaux les plus hétérogènes". Le travail thérapeutique n'est pas une simple interprétation, mais une confrontation, un dialogue intense entre le conscient et l'image qui émerge. C'est dans ce face-à-face que réside le potentiel de transformation. Accueillir une image, c'est accepter d'être changé par elle. C'est le cœur du processus d'individuation : devenir qui l'on est vraiment, en intégrant les multiples facettes de notre être. Si cette quête d'authenticité et de profondeur résonne en vous, l'exploration de votre paysage intérieur avec l'aide d'un psychanalyste à Rabat peut être le début d'un voyage essentiel vers vous-même.

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